Pour un véritable épanouissement, la femme doit connaitre ses droits ; des droits qui connaissent des avancées au plan législatif, ces dernières années au Togo. Au ministère de la Communication et des médias, les femmes sont sous-représentées et absentes aux postes de responsabilité (137 femmes sur 491 agents), ce qui amène certaines personnes à se demander si des dispositions législatives sont prises en faveur de l’épanouissement de la femme. Dans une interview accordée à l’Agence togolaise de presse ATOP), Mme Camara Aïssatou, présidente de la cellule genre du ministère de la Communication et des médias revient sur la problématique.
ATOP : 46e édition de la journée internationale de la femme au Togo, la gent féminine dispose-t-elle d’un cadre législatif favorable pour son épanouissement au plan national ?
Mme Camara Aïssatou : Même s’il reste encore des choses à faire, les femmes disposent aujourd’hui au Togo d’un cadre législatif favorable à leur épanouissement. L’année 2022 restera une année importante dans leur cheminement vers la prise en compte de leurs préoccupations fondamentales. En cas d’actes de violences ou toute situation dans le foyer préjudiciable à l’enfant ou à la femme, la loi fixe le domicile distinct pour protéger la femme. L’avancée majeure que j’applaudis est la protection de la femme en cas de dissolution du mariage ; la contribution en nature et activités au foyer et en dehors de celui-ci seront désormais évaluées monétairement lors du partage des biens et cela sans considération du régime matrimonial. Cette avancée contribue fortement au redressement d’une injustice séculaire qui n’a fait que trop de mal à la femme. On peut aussi parler du renforcement des droits sociaux de la femme qui touchera désormais la totalité de sa rémunération suite à l’arrêt de travail pour cause d’accouchement, en lieu et place de la moitié dans les anciennes dispositions. La femme aujourd’hui qui qu’elle soit, âgée, handicapée, urbaine, rurale, domestique… est protégée ; avec un regard particulier sur les jeunes filles apprenants. Il reste à la femme de connaitre ces outils mis à sa disposition afin d’en jouir pleinement.
Pour un véritable épanouissement de la femme togolaise, quels sont les défis à relever ?
Pour son plein épanouissement, la femme doit connaitre les droits que l’autorité lui garantit et doit arrêter de faire de la fausse pudeur en les réclamant en cas de besoin. Le véritable épanouissement de la femme ne dépend aujourd’hui que de la femme. Les défis à relever pour un véritable épanouissement de la femme togolaise, sont multiples. On peut citer la formation, la confiance en soi, le travail bien fait, la mise à disposition de financement pour la mise en œuvre des activités génératrices de revenus, etc.
Dans le secteur de la communication, les femmes sont-elles représentatives dans les organes publics comme privés ?
Les femmes sont présentes dans le secteur de la communication mais sous-représentées dans les organes publics comme privés. Dans les différents organes de service public, sur un personnel de 491 agents, les femmes ne sont que 137. Cette sous-représentation explique qu’elles ne sont pas nombreuses à jouer les rôles de premier plan.
Les femmes évoluant dans le domaine de la communication rencontrent-elles des violences ou des harcèlements dans l’exercice de leur fonction ?
Le problème de violence et de harcèlement ne manque pas dans aucun service sur les plans international que national. Dans le secteur de la communication, je suppose qu’il en existe mais les victimes n’ont pas le courage de dénoncer les auteurs à cause de la peur, de la honte et par méconnaissance des textes qui les protègent dans ces cas précis.
Dans les différents organes publics, quelles sont les difficultés majeures des femmes rencontrent dans leur travail ?
Dans les organes de service public, il faut relever que des actes posés ne sont pas significatifs sinon rien n’est vraiment fait en respectant les obligations de genre. Nous pouvons énumérer, entre autres, l’absence de toilettes réservées uniquement aux femmes, l’inexistence de commodités particulières pour les femmes qui font le service de nuit à la télévision et à la radio. On déplore aussi l’inexistence de salle d’habillement et de maquillage pour celle qui passent à l’écran…
La communauté internationale célèbre ce 8 mars, la 46e journée internationale de la femme, sous le thème : « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ». Une exhortation à la gent féminine ?
Par rapport au thème, j’exhorte la gent féminine à faire une bonne utilisation des réseaux sociaux, notamment pour des recherches et développer le e-commerce en vue de leur autonomisation. Car nous assistons aujourd’hui à une dépravation de mœurs de tout genre à travers les différentes publications qui circulent sur internet, des filles pratiquement nues, des pratiques qui dépassent l’entendement et les bonnes mœurs etc.
Dans le secteur de la communication, un message particulier à vos consœurs ?
Je convie mes consœurs du département de la communication et des médias à l’excellence dans leur tâche quotidienne, à opter pour des formations afin d’acquérir plus de compétences pour se positionner et faire partir des acteurs et/ou décideurs dans l’élaboration des politiques de développement durable du ministère.
Interview réalisée par AMEKOUVO Akouétey (ATOP)